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Les bouquinistes parisiens veulent trouver un compromis pour pouvoir rester sur les quais de Seine pendant les Jeux olympiques:
Ma foi dans la littérature n’est pas illimitée. Mais quand deux grands écrivains que j’admire disent la même chose, j’ai tendance à penser qu’ils émettent une vérité. D’un côté, vous avez donc l’immense Blaise Cendrars qui dit : « Paris, seule ville au monde » - et Cendrars a beaucoup voyagé - « où coule un fleuve encadré par des livres ». Et de l’autre le philosophe allemand Walter Benjamin qui écrit : « Paris est la grande salle de lecture d’une bibliothèque que traverse la Seine. »
C’est bordé par ces deux citations qui font de Paris une ville-livre, qu’on a appris cet été qu’on exigeait des bouquinistes des quais de Seine qu’ils enlèvent leurs boîtes par mesure de sécurité, dans le cadre de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. La préfecture de police craint en effet que des personnes mal intentionnées y déposent des bombes. Cette annonce a créé un tollé mondial, l’affaire apparaissant même en Une du New York Times. Des pétitions transcendant largement le clivage Sardou/Armanet ont été lancées, recueillant à ce jour plus de 150 000 signatures.
Mais rien n’y fait. Jusqu’à ce jour, la mairie de Paris reste inébranlable, l’enlèvement des caisses demeurant selon elle non-négociable. Elle propose de les installer ailleurs, en l’occurrence à la Bastille, et d’en fabriquer de neuves si elles étaient abîmées dans le transport. De façon paradoxale, la mairie de Paris avance même l’idée que des boîtes neuves feraient avancer l’inscription des bouquinistes au patrimoine mondial de l’Unesco. Un patrimoine neuf : même George Orwell n’y aurait pas pensé...
La sécurité, c’est important, et les bouquinistes en sont bien conscients. J’ai discuté avant-hier avec Jérôme Callais qui est le président de l’association culturelle des bouquinistes des quais de Seine. Il m’expliquait que, de leur côté, farouchement opposés à l’enlèvement de leurs boîtes dont le vert wagon, c’est comme ça qu’on l’appelle, fait le job en toute saison, froid en été, brillant à l’automne, chaud en hiver et pimpant au printemps, ils ont fait une proposition.
Puisqu’il s’agit de sécuriser le périmètre de la cérémonie d’ouverture, laquelle ne dure que quatre heures, ils proposent qu’après le passage du service de déminage, leurs boîtes soient emballées de façon hermétique pour une période de huit à dix jours. Si l’artiste Christo était encore de ce monde, il aurait pu en faire une chouette œuvre d’art dans la continuité de son emballage du Pont-Neuf. Les pauvres bouquinistes, qui ont déjà été durement touchés par le Covid, les Gilets jaunes et les manifestations contre la réforme des retraites, où ils furent obligés de fermer toujours pour des motifs de sécurité, ne demandent même pas à être indemnisés pour ces jours de chômage technique. La balle est donc maintenant dans le camp de la Préfecture de police et de la mairie de Paris. Une chose est sûre : enlever ces boîtes serait une funeste connerie comme dirait l’autre. Source