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Lundi, le jour de la Lune
Le nom du premier jour de la semaine, le lundi, vient du latin "Lunis dies ". Cela signifie "Le jour de la Lune". La semaine commence par le lundi depuis le IIIᵉ siècle. Les chrétiens ont alors adopté le dimanche comme jour de repos, faisant du lundi le premier jour du retour au travail.
Avril Mauve ...
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L'expérience de Asch,publiée en 1951, est une expérience du psychologueSolomon Asch qui démontre le pouvoir du conformisme sur les décision d'un individu au sein d'un groupe.
Description de l'expérience :
En 1951, Asch invite dans son laboratoire un groupe d'étudiants (entre 7 et 9) de17 à 25 ansà participer à un prétendu test de vision auquel ont été soumis auparavant des sujets témoins qui n'ont eu aucun mal à donner la bonne réponse. Tous les participants sont complices de l'expérimentateur, sauf un. L'expérience a pour objet réel d'observer comment cet étudiant (le sujet « naïf ») réagit au comportement des autres.
Les complices et le sujet sont assis dans une pièce et on leur demande de juger la longueur de plusieurs lignes tracées sur une série d'affiches. À gauche, une ligne modèle, et à droite,3 autreslignes. Chacun doit dire laquelle de ces3 lignessur la droite est égale en longueur à la ligne de gauche. Ce que ne sait pas le sujet, c'est que, peu avant que l’expérience ne commence, l’expérimentateur a donné des instructions aux complices : au début, c'est-à-dire aux6 premiersessais, ils doivent donner la bonne réponse, mais lors des 12suivants, ils doivent donner unanimement une même fausse réponse. Le sujet « naïf » est l’avant-dernier à répondre. Asch reconnait que celui-ci est surpris des réponses énoncées par ses acolytes. Au fur et à mesure des essais, il devient de plus en plus hésitant sur ses propres réponses.
L'expérience est réitérée avec un seul comparse, lequel est positionné en premier. Après lui, plusieurs sujets ignorant le véritable objectif de l'expérience alignent également leur réponse sur celle de ce comparse. L'attitude de ce dernier "sûr de lui, avec une voix ferme" a une influence particulièrement marquée sur les réponses des sujets.
Les résultats de cette expérience montrent que la plupart des sujets répondent correctement sans influence extérieure, mais qu'ils se conforment à 37 % aux mauvaises réponses soutenues à l'unanimité par des complicesou par un comparse unique, et que 75 % des sujets se conforment au moins une fois. Les sujets sont même amenés à soutenir des réponses allant contre l'évidence et contre leur propre vue 3, pour affirmer par exemple que deux lignes ont la même longueur, alors que l'écart est très visible car supérieur à 5 cm. La situation créée pour contrôle montre un facteur d'erreur de 0,0045 % de la part des participants.
Les différents « sujets » de cette expérience ont fréquemment témoigné, interrogés dans l'après-coup, de leur sentiment de confusion, d'anxiété ou de stress. D'autres avaient refoulé ces émotions contradictoires et pensaient simplement s'être trompés.
Après l'annonce des résultats, le sujet attribue parfois sa piètre performance à sa propre « mauvaise vue ». Ceci rejoint dans une certaine mesure l'expérience de Milgramoù le sujet se décharge totalement de sa responsabilité (attitude et comportement) sur l'expérimentateur. Dans les deux cas, le sujet se dédouane de la responsabilité de ses décisions et de ses actes (facteur interne) sur un facteur externe.
Variantes :
L’expérience de Asch met en jeu différents facteurs. L’auteur s'est demandé ce qu’il peut se passer s’il fait varier certains paramètres :
la taille du groupe : on fait varier le nombre de participants de1 à 15 personnes. Asch remarque que, face à une seule personne, le sujet maintient son avis indépendant. Lorsqu’il est face à deux autres personnes, 14 % des sujets acceptent la mauvaise réponse. Quand l'avis émane de trois personnes, le taux de conformisme s’élève à 32 %. Asch conclut dès lors qu’un nombre de3 à 4 complicessuffit pour que le taux de conformisme plafonne. Celui-ci commence à baisser quand le nombre de complices dépasse 7 ;
l'unanimité du groupe : dans cette variante, le sujet « naïf » est soutenu par un partenaire de confiance. Dans une condition, ce partenaire était également naïf et dans l’autre, on lui avait demandé de donner les réponses correctes. Les résultats ont montré que lorsqu'il n'y avait pas unanimité parmi les complices, le taux de conformisme diminuait. En effet, les sujets « naïfs » s'émancipaient du groupe pour soutenir la réponse vraie, mais dissidente et contrariante pour le groupe ;
toutefois, ne sachant pas exactement si c’est la simple présence d’un autre partenaire ou l’exactitude de sa réponse qui joue un rôle dans la diminution du taux de conformisme, Asch teste une nouvelle condition. Dans celle-ci, le partenaire se détache de la majorité mais également du sujet « naïf » car il donne une autre mauvaise réponse. Les résultats montrent également une diminution du taux de conformisme ;
retrait d’un vrai partenaire : le sujet « naïf » se sent soutenu par le partenaire qui répond également correctement. Après quelques essais, on lui demande de se rallier à la majorité. Asch s'attend à ce que le sujet « naïf » maintienne son indépendance vis-à-vis de la majorité lorsqu'il est à nouveau seul. Les résultats montrent cependant que le taux de conformisme augmente à la suite de la perte du partenaire.
Autresfacteurs qui influencentle conformisme :
D’autres facteurs ont été identifiés comme pouvant également influencer le conformisme d’un individu.
Facteurs qui peuvent influencer le conformisme
Facteurs
Aspects étudiés
Stimulus
Ambiguïté
Caractéristiques du groupe
Taille
Attrait
Unanimité
Cohésion
Traits de personnalité
Besoin d’affiliation
Estime de soi
Personnalité de type autoritaire
Culture
Collectiviste ou individualiste
Réponse
Publique ou privée
Sexe
Masculin ou féminin
Ambiguïté du stimulus : Crutchfield (1955)a constaté que lorsque les sujets étaient face à des stimuli ambigus, cela augmentait leur taux de conformisme. En effet, lorsqu'ils pensent qu'ils ne sont pas compétents, les sujets ont moins tendance à affronter la majorité. Toutefois, dans le cas de l’expérience de Asch, le stimulus avait été testé auparavant et avait été reconnu comme non ambigu.
Caractéristiques du groupe : en plus de la taille et de l’unanimité du groupe, son attrait ainsi que sa cohésion peuvent également expliquer le conformisme.
L'attrait du groupe : plusieurs auteurs ont mis en avant qu’un individu qui se sent attiré par un groupe, aura plus de chance de se conformer auxnormesqu’il préconise.
La cohésion du groupe : lorsqu’un groupe est très cohésif, il a également plus d’influence sur ses membres, ce qui peut expliquer un plus haut taux de conformisme.
Besoin d’affiliation : certains auteurs ont montré que plus lebesoind’affiliation (besoin de se faire aimer des autres) est important pour un individu, plus il se conformera. Il en est de même lorsqu’il a une faibleestime de soiou lorsqu’il accorde une grande importance à l’harmonie sociale, aux rapports interpersonnelset à son imagecar il craint la désapprobation sociale.
Personnalité de type autoritaire : plusieurs auteurs ont mis en évidence que les individus qui ont une « personnalité autoritaire » seraient plus sensibles à l’influence sociale. Leur volonté de respecter les conventions, les normes et le pouvoir pourrait expliquer cette tendance.
Culture : selon plusieurs auteurs, le conformisme peut varier selon lacultureet plus précisément si la culture est individualiste ou collectiviste. Selon Triandis, les cultures collectivistes mettent l’accent sur l’importance du groupe comme entité et attachent peu d’importance au développement d’une personnalité autonome. Ceci permet d’expliquer pourquoi le conformisme n’est pas perçu comme une réponse à la pression sociale, mais comme un signe de maturité, en accord avec leurs valeurs. En effet, le conformisme témoigne du fait que la personne est responsable et consciente de son lien avec la communauté. Les cultures individualistes mettent quant à elle l’accent sur l’initiative individuelle et l’indépendance d’esprit qui importent beaucoup dans la culture nord-américaine par exemple. Whittaker et Meadeont répliqué l’expérience de Asch dans plusieurs pays et ont découvert des taux de conformisme assez similaires (31 % au Liban, 32 % à Hong Kong, 34 % au Brésil, 51 % chez les Bantous du Zimbabwe). Cependant, les répliques mises en œuvre 20 ans plus tard ont montré moins de conformité.
Réponse : lorsqu’ils doivent répondre en présence des autres (publiquement), les individus ont une plus grande tendance à se conformer que lorsqu’ils peuvent écrire leurs réponses en privé.
Sexe : Eagly et Carliont mis en avant que les femmes avaient légèrement tendance à se conformer davantage que les hommes.
L’œuf ou la poule ? Lequel est arrivé en premier ?
Très ancien, le « paradoxe de l’œuf et de la poule » soulève de nombreux questionnements d’ordres philosophique et scientifique. Impossible à résoudre pour certains, réponse tranchée pour d’autres, le sujet n’obtient pas de consensus. Si la science semble avoir penché en faveur de « l’œuf en premier » — notamment avec la théorie de l’évolution de Darwin et la génétique de Mendel —, une étude israélienne apporte des réserves sur la certitude.
Alors que des réponses sont encore apportées par la communauté scientifique, le « paradoxe de l’œuf et de la poule » est en fait très ancien. Il vient du fait qu’aucune réponse ne serait satisfaisante ni logique. Si l’on répond « l’œuf », alors on se demande qui a pondu cet œuf. Si l’on répond « la poule », alors on se demande comment elle a pu naître, si ce n’est d’un œuf. Lorsque deux événements semblent à la fois être la cause et l’effet l’un de l’autre, il est alors inconcevable de comprendre que l’un d’eux ait pu précéder l’autre.
Si elle paraît simpliste, cette question traite pourtant de l’origine du monde (ou cosmogonie) et oppose donc deux camps. Aristote défend l’idée (finaliste) que la cause finale (la poule) est la raison d’être de tout (œuf compris). La poule serait arrivée en premier et l’œuf n’est rien d’autre qu’une poule en puissance. Pour lui, la « logique » précédemment évoquée s’oppose forcément à la chronologie d’un œuf précédant une poule.
« L’homme engendre l’homme », avait-il dit, niant toute théorie de l’évolution. Ce que Diderot rejette dans Le Rêve d’Alembert (1769) : « Si la question de la priorité de l’œuf sur la poule ou de la poule sur l’œuf vous embarrasse, c’est que vous supposez que les animaux ont été originairement ce qu’ils sont à présent. Quelle folie ! ».
Une question qui appelle d’autres questions
Une étude de 2015 suggère que la question n’est pas un paradoxe au sens biologique du terme, et qu’une définition précise de la question et l’examen des mécanismes sous-jacents possibles de l’évolution offrent une solution. « À partir de quel moment peut-on parler de poule ? », serait la vraie question à se poser et deux réponses restent possibles.
Si la spéciation — formation d’une nouvelle espèce — s’opère par mutations génétiques aléatoires dans l’embryon, alors l’œuf est le premier. Mais si l’on considère l’épigénétique comme un moyen de transmettre des changements adaptatifs chez une espèce, alors la poule est la première. Les auteurs de l’étude posent alors la question suivante : « Où le changement génétique a-t-il pris naissance, dans le soma de la poule, ou du coq, dans les œufs de sa mère ou dans le sperme de son père ? ».
« La première poule a dû être dérivée d’un embryon génétiquement identique »
Sur cette question, la science semble unanime : l’œuf a précédé la poule. D’une part, les premiers œufs retrouvés datent d’environ 190 millions d’années, donc avant l’apparition des gallinacés, probablement issus d’un œuf pondu par un autre animal. Ces œufs primitifs venaient des dinosaures, connus comme les ancêtres des premiers oiseaux. En outre, « nous pouvons être certains que les ancêtres de la poule ont tous eu des œufs comme stade initial de leur vie, non seulement depuis les dinosaures, mais aussi depuis l’époque où ils étaient des poissons [du clade des crossoptérygiens] », explique à Trust My Science le professeur en génétique évolutive John Brookfield, de l’université de Nottingham.
La question de savoir si la poule a précédé l’œuf n’a donc de sens que si l’on compare la poule adulte à l’œuf de poule. Roy Sorensen, philosophe à l’Université de Washington, évoque la notion intéressante de « pré-poule ». « L’idée est que Charles Darwin a démontré que la poule a été précédée par des poules limites et qu’il est donc simplement indéterminé de savoir où les pré-poules se terminent et où les poules commencent », écrit-il. Selon les lois de Mendel, un organisme est génétiquement fixé et la transition de pré-poule à poule n’a pu s’effectuer qu’entre une pondeuse et son œuf.
C’est d’ailleurs ce que confirme John Brookfield : « S’il y a eu un premier oiseau qui répondait à la définition de la poule, alors cette première poule a dû être dérivée d’un embryon génétiquement identique. Cet embryon se serait trouvé à l’intérieur d’un œuf et, en ce sens, l’œuf (c’est-à-dire l’œuf de poule) a précédé la poule. De même, s’il y a eu un premier dinosaure adulte, alors ce dinosaure a dû se développer à partir d’un embryon génétiquement identique à l’intérieur d’un œuf ». Voilà qui pourrait clore le débat.
La théorie de l’évolution appuie d’ailleurs cette idée : la première poule n’a pas pu apparaître telle quelle et a forcément été précédée d’un œuf de poule. En revanche, il est difficile de savoir avec exactitude de quand date ce premier œuf de poule, même si les premiers poulets domestiques datent d’il y a environ 7000 ans.
« La découverte des mécanismes épigénétiques pourrait soutenir le scénario de la poule en premier »
Selon la même étude de 2015, le cas de la « poule d’abord » implique des mécanismes évolutifs similaires à ceux envisagés par Lamarck, 50 ans avant la publication des travaux de Darwin. Selon Lamarck — qui ne s’oppose pas à la théorie de l’évolution, bien au contraire —, les organismes s’adaptent en développant de nouvelles variantes en réponse à des environnements changeants. Ces nouveaux traits adaptatifs deviennent héréditaires et le tout est transmis à la descendance.
Parce qu’elle semble s’opposer à la génétique de Mendel et parce qu’aucun mécanisme permettant l’hérédité des caractères acquis n’était connu, la théorie de Lamarck a été considérée comme totalement fausse pendant 200 ans. Cela étant, « ces dernières années, la découverte et la caractérisation des mécanismes épigénétiques qui permettent la transmission de caractères somatiques acquis à travers les générations pourraient soutenir le scénario de la poule en premier », écrivent les auteurs.
Une piste plausible (mais non démontrée) pourrait être celle où le changement épigénétique est d’abord transféré tel quel du soma (de la poule) à la lignée germinale (des œufs), et à un stade ultérieur, il est assimilé et remplacé par un changement génétique.
En fin de compte, le dilemme initial de « l’œuf ou de la poule » n’est donc pas vraiment un paradoxe, puisque des explications scientifiques peuvent être apportées par l’évolution. Chaque changement évolutif pourrait correspondre soit à un monde darwinien pur, dans lequel l’œuf aurait précédé la poule, soit à un monde lamarckien, dans lequel la poule aurait été la première. Le domaine de recherche est encore très actif, et un long chemin reste à parcourir avant de pouvoir évaluer la contribution des processus épigénétiques à l’évolution.
BIOGRAPHIE EDVARD MUNCH - Peintre expressionniste norvégien, Edvard Munch était également graveur. Il a peint de célèbres tableaux tels que "Le Cri", "Séparation", "La Danse de la vie" ou "La Madone".
Biographie courte d'Edvard Munch - Le peintre et graveur Edvard Munch est né le 12 décembre 1863 à Adalsbruk en Norvège. Il poursuit des études techniques avant d'intégrer l'école royale de dessin, où il étudie les anciens maîtres. Aux côtés du naturaliste Christian Krohg, Edvard Munch développe son talent pour le réalisme français. Grâce à des bourses d'études, l'artiste visionnaire peut voyager. Il s'installe à Paris, où il désire peindre les affres de son existence, puis à Berlin. Edvard Munch côtoie de nombreux artistes et se fait réellement connaître grâce à une exposition en 1892. Le peintre développe ses sujets et multiplie les techniques. Il entretient par ailleurs une relation amoureusedifficile avec Tulla Larsen.
Figure de proue de la peinture moderne, Edvard Munch est un peintre norvégien du XIXe siècle. Il excelle dans l'expressionnisme, cecourant, qui s'opposant à l'impressionnisme français, valorise la subjectivité du peintre plutôt que le réalisme, afin de provoquer une émotion chez le spectateur. Ses œuvres les plus connues, "Le Cri", "La Madone" (Madonna) et "Séparation", marquent l'apogée de son talent, dans les années 1890. Ses peintures reconnues font de lui un artiste célèbre en Europe et dans le monde entier. Les thématiques de la mort, de la tristesse et de la maladie qui ont ponctué sa vie et celle de sa famille imprègnent ses tableaux. Dépressif, Edvard Munch sombre dans l'alcoolisme et séjourne six mois en clinique à Copenhague. En Allemagne, les nazis qualifient son art de "dégénéré", au même titre que Marc Chagall, et brûlent près de 80 de ses œuvres en 1937. L'artiste continue à peindre jusqu'à la fin de sa vie, qu'il termine de façon solitaire. Edvard Munch décède le 23 janvier 1944 à Oslo (Norvège). Disparu à 80 ans, le peintre laisse derrière lui plus d'un millier de tableaux, dessins et sculptures. Son visage apparaît sur les billets de 1000 krones, dans la monnaie norvégienne.
Le « Père-Lachaise des animaux », un des plus atypiques cimetières de l’Hexagone...
Le cimetière des chiens est l’un des plus anciens lieux de sépulture pour animaux en France (et le seul qui soit public).Fondé par la journaliste féministe Marguerite Durand en 1899 à Asnières-sur-Seine, au nord de Paris, il a accueilli les dépouilles de plusieurs dizaines de milliers d’animaux depuis sa création.
Situé à l’entrée d’Asnières, à quelques kilomètres au nord de Paris, le cimetière des chiens est un lieu bien particulier. Bordé par la Seine où l’on peut voir passer les péniches, dans un parc arboré, ce « Père-Lachaise des animaux » comme certains l’appellent prend des accents bucoliques ou plus fantasmagoriques en fonction de la météo et de la saison.
Il est ouvert depuis 1899 sur l’île des Ravageurs, un ancien îlot de la Seine dont le bras mort a été comblé à la fin des années 1970 afin de construire un nouveau pont prolongeant la ligne 13 du métro parisien entre Asnières et Clichy. De vieilles tombes vermoulues et bancales côtoient des caveaux en marbre où s’affichent parfois des messages un peu kitsch, mais remplis de l’émotion des anciens maîtres à leurs compagnons à poils ou à plumes.
« Pour comprendre comment est né ce cimetière bien particulier, il faut expliquer le contexte de l’époque, explique François-Xavier Chaix, archiviste à la mairie d’Asnières.Au cours du XIXesiècle, la condition animale évolue fortement et s’améliore pour nos amis les bêtes. »En effet, lentement, le statut de l’animal change. Il n’est plus seulement vu comme un utilitaire, mais devient un véritable compagnon. En 1845, la Société protectrice des animaux est créée à Paris – sur le modèle de l’association anglaise, fondée plus de vingt ans plus tôt – par le comte de Grammont, affligé par les mauvais traitements infligés aux chevaux dans les rues de la capitale.
Une question de salubrité publique
Si le sort des animaux s’améliore de leur vivant, rien n’est prévu après leur mort.« Théoriquement, les cadavres devaient être envoyés à l’équarrissage dans les 24heures,poursuit François-Xavier Chaix. Mais la plupart du temps, les cadavres des animaux étaient jetés aux ordures ménagères, quand ce n’était pas directement dans la Seine ou dans les anciennes fortifications de Paris. Cela a rapidement posé des problèmes. »
La capitale connaît au cours de ce siècle une série d’épidémies de choléra et de gale. Alors que les progrès de scientifiques comme Pasteur poussent les autorités à l’hygiénisme, le code rural est modifié en 1898 : les corps des animaux domestiques pourront être enterrés « dans une fosse située autant que possible à cent mètres des habitations et de telle sorte que le cadavre soit recouvert d’une couche de terre ayant au moins un mètre d’épaisseur ». Après cette nouvelle loi, l’ouverture d’un cimetière animalier devient possible.
La création du cimetière
Cette idée sera mise en œuvre par Marguerite Durand. Cette journaliste féministe, soucieuse du bien-être animal, décide de fonder ce cimetière d’un nouveau genre avec l’aide de l’avocat Georges Harmois. « Ils jettent leur dévolu sur cette île, qui appartient au baron de Bosmolet, et lui rachètent la moitié située en amont du pont de Clichy,ajoute l’archiviste.Ils fondent la Société française anonyme du cimetière pour chiens et autres animaux domestiques le 2mai 1899, après l’obtention de l’autorisation du préfet de la Seine. »
Amis des bêtes, les fondateurs précisent cependant dans les statuts du nouveau cimetière qu’il est interdit de singer des funérailles humaines lors des enterrements. Plusieurs constructions furent projetées, comme un columbarium et un musée des animaux domestiques, mais seuls les jardins, le bâtiment d’entrée et la nécropole sont réalisés. Cette dernière est divisée en quatre quartiers : celui des chiens, celui des chats, celui des oiseaux et celui des autres animaux.
L’architecte parisien Eugène Petit, dont plusieurs immeubles du XIVe arrondissement portent la signature, est chargé de dessiner l’entrée du cimetière. On lui doit le portail monumental de style Art nouveau de près de 25 mètres.
Les « stars » du cimetière
Dès l’entrée du cimetière, une grande statue représentant un épagneul des Alpes avec sur son dos un enfant accueille le visiteur.« Ce cénotaphe (tombeau élevé à la mémoire d’un mort mais qui ne contient pas son corps, NdlR.) a été dressé dès l’ouverture du cimetière en hommage à Barry, prédécesseur de la race Saint-Bernard, qui appartenait aux moines de cet hospice situé sur les flancs du col éponyme, poursuit François-Xavier Chaix.Il aurait sauvé, au début du XIXesiècle, 40 voyageurs perdus dans la montagne, et la légende raconte qu’il aurait été tué par la 41e qui l’aurait confondu avec un loup. Ce chien, très célèbre à l’époque, n’est pas enterré ici ; il a été naturalisé et est exposé aujourd’hui au musée d’histoire naturelle de Berne. »
Dans les allées, plusieurs « personnalités » sont enterrées. La plus connue sans doute est le chien acteur Rintintin, qui fit carrière à Hollywood !« C’est un chiot qui a été trouvé dans une tranchée par un soldat américain, qui l’a baptisé ainsi en référence à une petite poupée appelée Rintintin qui était alors vendue à l’arrière du front pour soutenir les Poilus,raconte l’archiviste.À la fin du conflit, ce sammy a ramené avec lui l’animal, qui tournera dans 32 films aux États-Unis entre1922 et1932. »À sa mort, le corps du chien sera rapatrié en France et enterré ici.
D’autres chiens-acteurs ont également leur sépulture dans ce cimetière, comme Poilu, qui a joué dans le film Mon curé chez les riches en 1952. On trouve également plusieurs chevaux de course, comme Troytown, un crack anglais vainqueur du Steeple-chase de Paris en 1919 et mort sur le champ de courses d’Auteuil l’année suivante.
Animaux connus et anonymes, venus de France et d’ailleurs
Chiens de tranchées, chiens policiers… On trouve également bon nombre de bêtes ayant appartenu à des têtes couronnées ou des artistes. Ainsi la princesse Hélène de Roumanie a son chat enterré là, tout comme les animaux de compagnie du compositeur Camille Saint-Saëns, de l’acteur Sacha Guitry ou plus récemment de l’écrivain Michel Houellebecq.
Certaines de ces bêtes viennent également de l’étranger, comme le caniche Tipsy, qui défraya la chronique en 2012. Sa propriétaire, une riche américaine, descendante du fondateur des brasseries Budweiser, avait fait enterrer son chien avec un collier de diamants. La tombe fut profanée pour voler le bijou !
Mais à côté de ces « célébrités », la majorité des chiens, chats, chevaux, mais aussi cochons d’inde, poules, singes, veaux, lapins, tortues ou encore fennecs reposent, anonymes, dans le cimetière. Depuis l’ouverture, plusieurs dizaines de milliers d’animaux ont été enterrés ici. « La 40 000e bête à avoir été inhumée dans la nécropole est un chien errant,raconte François-Xavier Chaix. Il est venu mourir devant les portes du cimetière le 15août 1958. La direction décida à l’époque de lui offrir une sépulture. Elle est toujours visible aujourd’hui. »Car à côté des tombes les plus anciennes, qui représentent un intérêt patrimonial, les concessions tournent, comme dans tout cimetière. Pour enterrer son fidèle compagnon, cela coûte entre 148 et 297 € par an, en fonction de la taille de l’animal.
Un lieu touristique
Depuis le début des années 1990, le cimetière a un statut municipal et est géré par la mairie d’Asnières.« En 1986, la société anonyme propriétaire du lieu était en difficulté», rappelle l’archiviste. Il a été question de fermer le cimetière des chiens, mais face à l’émoi suscité par la nouvelle, la municipalité a décidé de le racheter. Entre-temps, il a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques pour son « intérêt à la fois pittoresque, artistique, historique et légendaire ».
Au-delà des 869 concessionnaires référencés, le lieu est ouvert au public, moyennant un prix d’entrée de 3,50 €. Le cimetière des chiens attire chaque année près de 4 000 visiteurs, et on vient parfois de loin pour découvrir cet endroit atypique. Beaucoup de Japonais, mais aussi des Américains, comme le prouvent ce jour-là deux touristes venues de Caroline du Nord : elles ont suivi les recommandations d’un blog d’outre-Atlantique proposant de visiter Paris hors des sentiers battus. La Ville d’Asnières organise également des visites commentées, la dernière s’est déroulée lors des dernières Journées du patrimoine.
Il a laissé son nom au célèbre cimetière parisien, mais qui était le Père Lachaise?
Dernière demeure de Balzac, Chopin, Edith Piaf ou encore Jim Morrison, le cimetière du Père Lachaise est un véritable lieu d'histoire. Mais celui qui a donné son nom au plus grand cimetière parisien est aujourd'hui moins connu que ses célèbres hôtes. Le père Lachaise, ou plus précisément François d'Aix de la Chaize était pourtant un personnage éminent: le confesseur du roi Louis XIV.
Le prêtre résidait à l'endroit même où se trouve le cimetière aujourd'hui. D'abord connu sous le nom de la Folie-Régnaut puis de Mont-Louis, le domaine n'a rien à voir à l'époque avec une nécropole. A la place se trouve la maison d'un riche commerçant, qui sera ensuite rachetée par les Jésuites au début du 17e siècle. C'est à cet endroit que s'installe le confesseur du roi.
Une notoriété qui reste dans le quartier
Sa notoriété marque le quartier, la propriété des Jésuites est connue sous le nom de Maison du Père Lachaise. Ce n'est qu'au 19e siècle que la parcelle devient un cimetière alors que les autorités cherchent des terrains pour installer des cimetières.
Les 43 hectares acquis deviennent en 1804 le cimetière de l'Est. Mais l'appellation ne perdurera pas et le public continue d'identifier le lieu au nom du confesseur de Louis XIV. Ironie de l'histoire, François de La Chaize n'est même pas inhumé dans le cimetière parisien mais dans l'église Saint-Paul Saint-Louis, située dans le Marais. Le pèreLa chaize ne réside pas au palais deVersailles, mais à la maison professe près de l'église Saint-Paul à Paris,conformément à la règle desJésuites ayant une fonctionofficielle. Il est inhumé dans la crypte de cette église.